Avec Martin LAQUET | jour après nuit
10/10/2017
on ne choisit pas l’heure hein
tu le sais mais on regarde la vie qui file
comme une rivière qui se vide
ce que les autres oublieront
je ne l’oublierai pas
je fouille dans les impasses
qui ne tiennent qu’à un fil
les corneilles dans le parc
éliment l’horizon
nous avons mal appris à vieillir
aux côtés de l’acide
dans le brouillard des clopes
nos yeux ne prennent plus le large
nous croassons dans de drôles d’enclos
trinquant dans des recoins
du bunker
l’oreille collée au juke-box chagrin
nous sourions terriblement
comme dirait guillaume apollinaire
peut-être
de nouvelles empreintes
sur la peau de papier
du lilas dans le chagrin
tonnerre en sursis
au-desus de la barque
peut-être
un hublot dans le cœur
page dans les parages
ce qui rôde
ce qui vient
juste après le silence
pressé
réel
*
je ne comprends pas
ceux qui écrivent admirablement bien
je préfère les mots à peine écrits
les mots sauvages boiteux
pris dans le vent convulsé
les mots sales qu’on lave
dans nos bouches
*
je voudrais
que le temps se lèche les babines
dans nos lits
et sur les plages
il suffirait de découper l’horizon
de descendre un peu plus haut
vers la jeunesse profonde
un dernier old-fashioned
et la nuit déjà referme ses bras
sur nos songes
grandioses et miteux
j’écoute la voix off qui se tait
pas de rewind pas de pause
juste des images
éclatées
Martin LAQUET | ailleurs est un mot comme un autre [Extraits] | 15 août 2005-15 novembre 2013 |jour après nuit | Editions LA PASSE DU VENT Poésie|Octobre 2017 | p.89,90,92,95.